HISTOIRE DU PING DEPUIS LES ANNEES 1950
Le tennis de table à deux vitesses
Par Marc Antony
Les débuts du ping moderne |
C’est en 1952 aux championnats du monde à Bombay que pour la première fois fut utilisé la mousse sur la raquette par le japonais Hiroji Satoh qui remporta le titre en simple, transformant ainsi la conception du jeu et son passage dans l’ère moderne du tennis de tables par la vitesse et les rotations le tennis de table offensif était né. Dominés par la suite pendant plusieurs années par les japonais et leur style inimitable en prise porte plume ce n’est qu’à partir de 1960 que le tennis de table n’a cessé d’évoluer. La raquette devenant un enjeu stratégique et économique. Style pratiqué par tous les joueurs de l’époque la défense primait sur l’attaque. La raquette composée de deux picots secs de chaque face ne permettait pas de donner suffisamment de vitesse pour écourter les échanges souvent très longs et interminables, la patience et l’endurance étaient intégrés dans l’esprit du pongiste mais la mousse changea profondément la conception du jeu et permit une évolution fondamentale qui allait modifier la bio mécanique gestuelle. La possibilité d’augmenter la vitesse de la balle par une accélération du poignet et de la raquette, un mouvement rectiligne partant du bas vers le haut, ressemblant à un discobole et portant le nom anglais de top spin.
Très vite les défenseurs à picots secs s’éclipsèrent de la scène internationale ne pouvant s’adapter à l’effet et la vitesse de la balle laissant la place à de nouveaux styles de jeu basés sur l’attaque. La firme Butterfly lança sur le marché sa mousse Sriver qui allait devenir célèbre dans le monde du tennis de table ainsi que la mousse Mark V distribué par la marque Stiga. Le suédois Hans Alser fut l’un des premiers pongistes à frotter la balle en revers. Le Yougoslave Surbeck travailla sa puissance physique pour augmenter la vitesse d’exécution de son mouvement sur la balle tous comme les jeunes Hongrois Gergely et Jonyer. Le tout jeune Français Jacques Secrétin mit fin à la défense du champion de France en Titre Vincent Purkart en 1966. L’allemand Eberhard Scholer fut le dernier défenseur à la défense pure à parvenir en finale des championnats du monde à Munich en 1969. La vitesse devenait l’avenir du tennis de table grâce à la mousse.
Le début des années 1970 : la vitesse et l’avènement des Chinois
Le pongiste développa et augmenta ses réflexes et ses temps de réactions pour répondre à une action de plus en plus rapide de la balle Il accrut son anticipation par des exercices complexes en situation de jeu à l’entraînement l’obligeant à développer sa concentration maximale. Le bloc coup droit et revers remplacèrent la défense pour contrer l’effet avant de la balle. Les tchèques Kunz et, Orlowski Champion d’Europe1974 l’Allemand Lieck ou le Russe Gomozkov utilisèrent le bloc comme système de jeu personnel en laissant l’initiative adverse pour marquer des points. En 1971 le jeune Suédois de 18 ans Stellan Bengtsson devient Champion du monde du simple. La vitesse fut la clef de sa victoire en surprenant le Japonais Itho par des tops spins et des frappes grâce à un jeu de jambe très rapide. En se déplaçant plus vite Bengtsson apporta une évolution dans la conception de l’entraînement et démontra que le déplacement était fondamental dans le jeu moderne.
En cette même année la Chine retrouva son rang de grande nation pongiste après sa révolution de 1965 et remporta le titre par équipe mais le pongiste qui marqua ces Championnats du monde fut sans contexte le Français Jean Paul Weber avec sa raquette de défense anti top inventée par l’autrichien Tony Hold. C’est le premier revêtement à contrer le jeu en rotation avec 15 victoires par équipe et non des moindres sur les champions du monde suédois Bengtsson et Johansson l’effet de surprise fut total. Le défenseur chinois Liang Geliang se distingua en étant le premier pongiste à tourner sa raquette pendant un échange. C’est le début du tennis de table à deux vitesses. Pour ralentir et stopper le jeu rapide qui se développe, les marques de tennis de table vont fabriquer d’autres revêtements, la raquette combinée était née
La prééminence chinoise sur le monde du tennis de table continuera de s’accroître au fil des années. Cette quasi obsession de remporter le titre de champion du monde par équipe homme et femme sera essentielle aux yeux des dirigeants, la glorification pour un sport que Mao Zedong avait décidé pour tout un peuple avec le slogan « sois fier d’être chinois aime la Chine ».
La fin des années 1970 : de nouveaux revêtements apparaissent
En 1975 aux championnats du monde à Calcutta les chinois utilisèrent un nouveau revêtement pour battre les européens le picot long, combiné avec une mousse d’attaque il permit au défenseur de tourner régulièrement la raquette au cours de l’échange pour surprendre l’adversaire qui n’avait pas le temps de distinguer le revêtement utilisé, la couleur étant identique sur les deux faces de la raquette. La particularité du picot long était de renvoyer l’effet que l’adversaire imprimait à la balle. Lu Yuansheng fut le premier défenseur à maîtriser cette combinaison.
En 1976 en finale des internationaux de France le champion du monde en titre le Hongrois Jonyer est opposé au champion d’Europe en titre le Français Jacques Secrétin ce dernier est mené deux sets à zéro lorsque la rencontre est retransmise en direct à la télévision. On remarqua au cours du match que le hongrois jouait en revers avec une plaque de couleur noire qui portait le nom de Takinness. Malgré sa défaite c’était la première fois qu’un attaquant avait sur sa raquette deux revêtements de couleurs différentes .La marque Butterfly avait réussit un joli coup de publicité auprès des spectateurs présents au stade Pierre de Coubertin. Lors de cette compétition, un tout jeune anglais de 21 ans, gaucher du nom de Desmond Douglas surprend par sa technique gestuelle atypique. Collé à la table avec des gestes courts, il utilise la vitesse de rotation de l’adverse pour déporter, balader, épuiser son adversaire en prenant la balle au rebond avec son revers et son coup droit. De cette décennie Douglas sera l’un des pongistes les plus rapides du monde.
Si en 1959 la fédération internationale adopte l’épaisseur à 4mm sur chaque face de la raquette, en 1977 la réglementation de la raquette backside dite sandwich est modifiée, la couche de caoutchouc à picots ne devra pas dépasser 2mm sur une épaisseur total de 4mm. Aux championnats du monde à Birmingham en Angleterre les Chinois dominèrent les européens grâce à leur matériel en maîtrisant parfaitement le picot long, Huang liang et Liang ko liang impulsent un nouveau souffle sur la défense dite moderne, ils sont capables de prendre à leur compte l’initiative lorsqu’ils sont en danger en plaçant des attaques violentes en coup droit ou en top spin. Leur polyvalence va leur permettre de battre facilement les européens.
Fondée en 1969 par Tibor Harangozo la marque allemande Thibar va devenir célèbre en France avec ses plaques Speedy spin et Vari Spin. De nouveaux bois plus performants et plus rapides arrivent sur le marché du nom d’Hinoki. L’entraîneur Hongrois Zoltan Berczik va retenir la leçon de 1977 afin de s’habituer aux picots longs il va former des pongistes avec ce type de matériel. Tibor Kreisz sera le quatrième joueur de l’équipe nationale à l’utiliser entre 1977 et 1979. les Hongrois Jonyer et Gergely vont travailler durement techniquement le top spin revers pour l’introduire définitivement dans leur système de jeu. Cette nouveauté va surprendre les chinois battus en poule puis en Finale des Championnats du monde à Pyongyang en 1979 en Corée du nord. Dans l’incapacité de maîtriser et de contrer ses rotations en coup droit et revers, la Hongrie sera sacrée Championne du monde en messieurs 27 ans après Bombay. Dorénavant le pongiste des années 80 devra être capable techniquement de frotter la balle de chaque côté en coup droit et en revers.
En 1979 Wack Sport devient la première société en France de vente de matériel de tennis de table par correspondance. En 1980 à Berne en Suisse aux Championnats d’Europe, un Anglais inconnu et non sélectionné par équipe John Hilton est sacré Champion d’Europe du simple Messieurs. Si sa raquette fut la vedette curieuse de ces Championnats, la finale fut triste par le spectacle offert aux spectateurs présents. En effet John Hilton utilisait une raquette combinée d’un côté une face Backside de l’autre une plaque appelée « anti power » ou « anti spin » capable de défendre, de bloquer mais aussi d’attaquer avec ce revêtement ; l’Anglais maîtrisant à merveille cette alchimie combinée par un cache-cache permanant du son de la balle en tapant des pieds au service ou dans l’échange afin que l’adversaire ne distingue les différents effets de la balle.
Le début des années 1980 : le progrès technique au service de la rapidité
A la fin des années 1970 on apprend que le Hongrois Tibor Klampar avant de jouer badigeonne sur ses revêtements et sur son bois une colle dite rapide afin d’augmenter l’élasticité de la mousse pour donner une plus grande vitesse à la balle (certains parleront de 20% de vitesse supplémentaire). C’est le début du dopage de la raquette.
Tibor Klampar modifiera et adaptera sa technique en étant le premier pongiste au monde à reprendre l’initiative au dessus de la balle sur un top spin coup droit ou revers adverse le contre top spin était né. Cette évolution fondamentale sur le jeu sera maîtrisée par la nouvelle génération de pongistes à la fin des années 1980 poussant encore davantage les efforts physiques techniques et mentaux à l’entraînement. Quant aux pongistes des années mousses 60 et 70 ils disparaîtront très vite, l’amplitude de leurs mouvements amples et l’adaptation aux nouvelles technologies de la colle ne leur permettront pas de s’adapter à la vitesse de la balle de plus en plus rapide. Humiliée après leur défaite par équipe, l’entraîneur Chinois avait prévenu que la république populaire de Chine n’attendra pas 27 ans pour redevenir Championne du monde. La revanche aura bien lieu en 1981 à Novi Sad aux Championnats du monde mais cette fois avec une nouvelle équipe plus rajeunie contrôlant parfaitement le matériel pour vaincre les européens. Le héros de cette finale sera le tout jeune chinois de 18 ans Xie Saike gaucher en prise porte plume arborant une seule plaque de couleur bleu à picots courts posée sur une petite mousse que l’on appellera soft. Doté d’une grande variété de services jouant en bloc revers en variant ses placements par des amortis, déportant ses adversaires pour terminer le point par une frappe.
Ces championnats sont la confirmation que la course à l’armement pour rechercher de nouveaux matériaux afin de contrer les rotations n’est pas terminée. Le chinois Cai Zenhua Gaucher devient le premier pongiste à caractère offensif avec sa plaque anti spin en revers. Ne reculant jamais il tourne constamment sa raquette au service et dans un échange. D’une très grande efficacité son système de jeu déstabilise les attaquants européens qui sont incapables de comprendre la balle adverse. Seul européen à surnager dans ce marasme grotesque de la raquette, la star des années 70 Stellan Bengtsson obtient une médaille de bronze en simple. En finale de ce même tableau on retrouve pour la troisième fois Guo Yuehua qui l’emportera face à son compatriote Cai Zenhua dans une finale décevante. Mais que se serait-il passé si Cai Zenhua l’avait emporté ? En aucune façon il aurait été possible d’imaginer qu’un pongiste chinois soit champion du monde avec une raquette combinée.
En 1982 les Championnats d’Europe à Budapest apparaissent comme un renouveau pour le tennis de table Européen après la désillusion de 1980. La jeunesse Suédoise est la grande gagnante de la finale du simple homme. À commencer par ce jeune garçon de 16 ans Jan-Ove Waldner et sa panoplie de services variés et de coups de génie propre à sa personnalité, bousculant les dogmes et les idées préconçues sur l’avenir du tennis de table. Son style de jeu inimitable et redoutable pour les Chinois lui conférera de rentrer dans la légende des plus grands pongistes de tous les temps. Le vainqueur de cette finale Mikael Appelgren tsar du jeu à mi distance appelé communément défense moderne incarnée par son aîné quelques années plus tôt par le Français Secrétin, son jeu de jambe rapide et ses déplacements latéraux et profondeurs ainsi que sa variation en top spin coup droit étouffe et épuise ses adversaires lorsqu’il se sent en danger il n’hésite pas à venir près de la table pour conclure le point. Sa polyvalence et son jeu complet sont un plaisir des yeux pour les spectateurs.
Lors de cette compétition un jeune polonais du nom de Grubba utilise le top spin revers comme point fort dans son système de jeu c’est le premier pongiste au monde à jouer en bidex dans un échange. Depuis le début des années 80 de nouvelles marques de revêtements font leur apparition d’origine Allemande Joola, Donic. En France, la marque Banco et le fabriquant de table Cornilleau sont diffusés dans les revues de tennis de table.
En 1983 aux Championnats du Monde à Tokyo au Japon, la Chine confirme sa nette domination sur la planète de la petite balle blanche. Par équipe homme elle écrase la Suède en finale. Depuis 1971, la Chine fabrique ses propres revêtements. Chaque joueur joue avec une raquette adaptée à son style de jeu. Le gaucher Cai backside et anti spin, Wang Huyan attaquant backside et picot long, Xie Xaike et Jiang Jialiang prise porte plume soft, Chen Xinhua, défenseur backside picot long enfin Guo Yuehua adepte de la prise porte plume backside conserve son titre de Champion du monde pour la deuxième fois consécutivement. Vainqueur des internationaux de France dans les années 80 Guo est un joueur complet, trapu et musclé au niveau des membres inférieurs, son jeu basé sur un top spin rapide et puissant, excellent serveur utilisant le bloc amorti pour varier le placement en profondeur il est dans le cercle très fermé des plus grands pongistes de tous les temps.
L’ITTF décide lors de son assemblée générale que désormais tous les compétiteurs devront jouer avec des raquettes possédant des revêtements de couleurs différentes sur les deux faces. Les couleurs rouges et noires seront imposées en 1986.Cette nouvelle règle va permettre enfin de distinguer avec la face avec laquelle le joueur tape la balle et de voir ainsi son effet. Désormais il sera interdit de servir derrière son corps pour camoufler la balle. En 1984, aux championnats d’Europe à Moscou, le Suédois gaucher Ulf Bengtsson remporte le simple devant le favoris le polonais Grubba. Les Européens commencent à s’adapter à la colle qui devient vite indispensable pour atteindre le haut niveau. Le Suédois Erik Lindh qui s’inspire directement du style de jeu du Hongrois Tibor Klampar prenant des risques de façon naturelle, joue très rapidement en frottant la balle au rebond avec son coup droit et son revers. Le bloc, geste technique de défense des années 70 commence à disparaître. Entre 1985 et 1987, la Chine continue sa domination malgré ses joueurs à matériels qui commencent à disparaître.
Fin des années 1980 : l’Europe reprend sa domination
Aux Championnats du Monde à New Delhi en 1987, un évènement va venir troubler la suprématie chinoise le Suédois de 21 ans Waldner atteint pour la première fois la finale du simple ce qui n’était pas arrivé pour un Européen depuis 1975 ! Pour l’Europe l’impact sera important sur le plan psychologique la prise de conscience que les maîtres chinois ne sont plus invincibles. En 1986 aux championnats d’Europe à Prague, le Suédois Jörgen Persson devient Champion d’Europe du simple son système de jeu très efficace basé sur un revers élastique est techniquement le meilleur du monde. De nouveaux jeunes apparaissent sur le circuit international, l’allemand Jorg Rosskorpf, le belge Jean-Michel Saive, le Croate Zoran Primorac le grec Kalinikos Kréanga, le Suédois Peter Karlsson et le Français Jean Philippe Gatien tous ont adapté leur système de jeu avec la colle rapide et bientôt parmi les meilleurs pongistes du monde.
L’ITTF vote une nouvelle règle de jeu le service devra être projeté de 16 cm. En 1988 à Séoul en Corée du Sud aux premiers Jeux Olympiques de son histoire, la finale est 100% coréenne le jeune Yoo Nam Kyu 20 ans remporte la médaille d’or. La Chine marque le pas et n’obtient aucune médaille en simple. Quant au suédois Lindh il obtient la médaille de bronze. En 1989 aux Championnats du Monde à Dortmund en Allemagne la Suède crée l’exploit en remportant le titre par équipe sur le score de 5 à 0. Les chinois sont dépassés par la vitesse du jeu complet des suédois. Alors que les européens se sont adaptés très vite à la colle en modifiant leur gestuelle par des mouvements courts capable de frotter la balle dans toutes ses phases hautes et basses aussi fort qu’en coup droit et revers les meilleurs Chinois ont pris du retard. La qualité des mousses chinoises ne convenant pas très bien à l’effet colle. Le Suédois Waldner est sacré champion du monde en simple.
Les années 1990 : diversité de champions
A partir de 1991 aux Championnats du monde à Chiba au Japon le jeu s’accélère, les services sont de plus en plus inventifs rapides et travaillés La Suède confirme son statut de meilleure nation du monde en équipe. En simple en finale Jorgen Persson prend sa revanche sur son camarade Waldner. En 1992 l’allemand Rosskorpf attaquant puissant en top spin des deux côtés coup droit et revers est champion d’Europe ; quant à Waldner il est champion olympique à Barcelonne1993. Pour la première fois de son histoire le Français Jean Philippe Gatien est Champion du monde. C’est le pongiste le plus rapide sur le circuit, ses services bombes, sa vitesse d’exécution en top spin coup droit et son mental de fer surprennent ses adversaires. Le français est certainement le pongiste qui a su le mieux utiliser le colle pour développer sa vitesse.
En 1994 le Belge Saive est Champion d’Europe à Birmingham sa puissance physique et son rythme de jeu ne laisse aucun répit à ses adversaires. A partir de 1995 la Chine retrouve son rang de première nation à Tianjin chez elle en finale par équipe contre son éternel rival européen la Suède. Le jeune Kong Linghui 19 ans copie du Suédois Waldner remporte le simple devant son compatriote Liu Guoliang prise porte plume soft et premier pongiste au monde à démarrer en revers avec l’autre face de sa raquette. En 1996 aux Championnats d’Europe à Bratislava le Suédois Waldner obtient le dernier titre qui lui manquait à son palmarès déjà prestigieux. Aux Jeux olympiques 1996 à Atlanta Le Chinois Liu Guoliang est Champion Olympique. En 1997 à Manchester le Suédois Waldner est sacré pour la deuxième fois Champion du monde du simple sans perdre le moindre set ! La France pour la première fois de son histoire est en finale par équipe contre la Chine et perd 3 /1. Aux Championnats d’Europe en 1998 à Eindhoven le Biélorusse Vladimir Samsonov remporte le simple messieurs ; sa nonchalance et son calme imperturbable semblent ne laisser transparaître aucune émotion. En 1999/2000, les compétitions individuelles sont séparées des compétitions par équipes. En 1999 c’est le chinois Liu Guoliang qui est champion du monde en simple à Eindhoven aux Pays Bas.
Les années 2000 : nouvelles règles et recherche de la raquette optimale
En 2000 à Kuala Lumpur il est décidé d’utiliser une balle de 40mm de diamètre au lieu de 38mm le but étant de ralentir les échanges et de rendre le tennis de table plus télévisuel, cela n’empêche pas la Suède de réussir l’exploit de battre la Chine par équipe pour la cinquième fois de son histoire. Aux Championnat d’Europe à Brême en Allemagne le suédois Peter Karlsson est sacré en simple messieurs. En 2000 aux Jeux Olympiques à Sydney en Australie le chinois Kong Linghui remporte la médaille d’or devant le suédois Waldner. En 2001 Championnats du monde à Osaka au Japon le Tennis de table à rendez vous pour la dernière fois avec son histoire. C’est la dernière édition à réunir officiellement les épreuves par équipes et individuelles. Le chinois Wang Liqin remporte le titre de champion du monde en simple son système de jeu frise la perfection, machine humaine en top spin et contre top spin, coup droit et revers ou puissance et variation sont en harmonie dans l’échange avec cet équilibre du corps en appui dans l’espace où ne semble entrevoir une quelconque faiblesse sauf peut être lui-même.
Lors de son de son assemblée L’ITTF décide l’interdiction de cacher la balle au service et qu’à partir de septembre 2001 tous les sets se joueront en 11 points et que les matchs se dérouleront en 3 ou 4 sets gagnants le serveur n’aura plus que 2 services au lieu de 5 auparavant. Le sacro saint des 21 points est renvoyé au musée, l’observation (7 points) la construction (7 points) la finalisation (7points) laisseront place à une transformation du jeu dont sa forme ludique dans les compétitions ne sera plus possible. Cette nouvelle règle va donner naissance à ce que j’appellerais « le tennis de table Free Fight ». Le président Adhaam Sharara expliquant que ces deux nouvelles règles ont pour but de rendre le tennis de table en compétitions plus impartiales et transparentes et améliorer leur image auprès du public et des mass médias. Les conséquences de l’application des nouvelles règles de jeu durant la période 2001/2010 et en particulier le changement des sets en 11 points n’ont pas vraiment bouleversé la hiérarchie mondiale. La plupart des meilleurs joueurs du monde se sont adaptés très vite au nouveau système de comptage.
Les chinois emmenés par leur trio Ma Lin, Wang Liqin, Wang Hao, se sont partagés en grande majorité les titres mondiaux par équipe, et en simple, à l’exception des championnats du monde en 2003 en France où l’Autrichien Werner Schlager fut tout au long du tournoi la vedette de la semaine en écartant plusieurs balles de match contre ses différents adversaires. Il démontra que rien n’était impossible en puisant d’insoupçonnables ressources psychologiques. La finale fut haletante et passionnante, rien ne pouvait être plus beau entre un attaquant et un défenseur. Dans une finale 100% asiatique Les jeux olympiques de 2004 ont permis au coréen du sud Seung-Min Ryu de remporter la médaille d’or à la surprise générale. En Europe le métronome Biélorusse Samsonov, tant dans sa parfaite constance de sa tenue de balle que dans ses placements judicieux, au service ou en retour n’a pu remporter le moindre titre mondial ou olympique sauf quelques pro tour ainsi que deux titres de Champion d’Europe en 2003 et 2005. L’explosif Grec Kréanga et son top revers démoniaque n’a pu lui aussi obtenir le moindre titre majeur quant à l’Autrichien Werner Schlager malgré son exploit de 2003 il n’a pu rééditer sa performance Seul l’allemand Timo Boll n°1 en Europe malgré quelques passages difficiles à su adapter son système de jeu d’attaquant offensif près de la table en top spin et contre top spin. Ses services rentrants de gaucher et sa vitesse de bras ainsi que son mental constant lui ont permis de rivaliser contre les meilleurs Chinois et de devenir n°1 mondial pendant plusieurs mois.
Depuis environ deux ans, une nouvelle génération de jeunes joueurs issus de l’apprentissage du comptage en 11 points ou ayant peu connus le 21 points pointent le bout de leur nez au plus haut niveau, les jeunes chinois Long Ma, Jike Zhang , Xin Xu ainsi que de jeunes Japonais. Le temps où les joueurs jouaient en fonction de leur personnalité caractérisés par leur conception du jeu est révolu laissant la place aujourd’hui à une uniformisation des différents systèmes pour devenir l’attaque ultra offensive le corps définitivement scotché à la table, l’explosivité devenant fatal dans un combat ou l’adaptation est passée à la trappe. L’objectif étant de faire reculer son adversaire rapidement pour marquer le point. La prise d’initiative n’est plus toujours la gagnante, le contre top spin coup technique difficile, devient une logique banale dans l’échange. Le flip, coup apparu dans les années 70 par le Suédois Grönlund mais très peu utilisé (un peu plus à partir des années 80 grâce à la colle) devient une constante agressive derrière le retour du service. Enfin le service par lui même devient fondamental, la recherche méticuleuse du placement et de sa vitesse ainsi que ses différentes variations d’effets ne laissent aucune chance en cas de déconcentration et d’inattention lors de son exécution si ce n’est la perte rapide du set, le service revers en prise orthodoxe refait surface après des années oubliées. Enfin la recherche constante de la concentration tout au long du set et de la rencontre devient indispensable. Les méandres de la psychologie n’ont pas fini de nous étonner et de nous émouvoir étant devenues le moteur indiscutable de la réussite au plus niveau.
La condition physique du pongiste, base essentielle dans le comptage des manches en 21 points et de la rencontre en 3 sets Gagnants est divisée par deux. L’effort auparavant axé sur l’endurance devient intensif et sans temps morts sur une courte durée impliquant un constat logique, une plus grande longévité chez le pongiste de haut niveau. Le Chinois He Zhe Wen membre de l’équipe de chine dans les années 80 et naturalisé Espagnol à l’approche de la cinquantaine est classé parmi les 100 mondiaux ! L’ancien n°1 mondial, le Belge Saive à plus de 40 ans est encore dans les 50 meilleurs joueurs du monde! L’Autrichien Ding Yi Champion du monde et d’Europe vétérans dans la catégorie V2 plus de 50 ans est encore l’un des meilleurs joueurs de son pays. En France le Hongkongais Lo Chung Tsung demi finaliste des championnats du monde en 1985 à presque 50ans est encore classé parmi les 60 meilleurs Français et que dire de Jacques Secrétin à bientôt presque 65 ans V4 est classé parmi les 250 meilleurs joueurs français ! Le tennis de table va t’il devenir comme le golf un mélange de différentes générations entre jeunes et anciens?
Les défenseurs en voie de disparition depuis plusieurs années (entre 2 à 4% dans les 100 mondiaux) semblent condamnés pour un temps encore inconnu. En premier, les sets en 11 points qui ne sont pas forcément un avantage pour ce genre de style de jeu, ensuite la balle de 40 mm qui ne permet pas d’imprimer différentes rotations et de jouer sur les variations d’effets comme avec la balle de 38mm souvent très coupée et molle. Quant aux pongistes chinois adeptes de la prise porte plume avec soft, comme l’ancien champion du monde Liu Guoliang, ils ne composent plus la nouvelle génération avec ce genre de style de jeu. Le service perd donc ainsi de son efficacité suprême, la balle de 40 mm ne donnant pas autant de vitesse que la balle de 38 mm.
Après un certain nombre de transformations des règles de jeu afin de rendre le tennis de table plus spectaculaire, sa gestation semblait être acceptée par tous les pongistes, l’ITTF décida d’interdire définitivement la colle à partir de septembre 2008, créant ainsi une nouvelle polémique sur le dopage de la raquette que tous les compétiteurs avaient adoptés depuis les années 80. Cette colle rapide composée avec du « VOC »ne pourra plus être utilisée pour des raisons de santé et de la tendance du moment au nom de l’éthique du sport propre. Pour éviter la tricherie, l’ITTF a donc décider de faire contrôler les raquettes (après le corps il y aura la raquette double contrôle) à l’aide d’un appareil qui détecte tous les solvants volatils, ces contrôles inopinés seront effectués dans les compétitions. Dans le cas d’un contrôle positif le joueur devra présenter une autre raquette qui sera elle aussi passée à la machine le joueur pouvant être exclu en cas d’échec de cette dernière. Afin de contourner cette interdiction, certains fabricants ont trouvé le moyen de mettre sur le marché un substitut appelé «booster». Interdit très rapidement par la fédération internationale non conforme aux règles ne contenant pourtant pas de VOC mais indétectable aux tests de contrôle. Bien malin celui qui se fera prendre ; le dopage de la raquette allait devenir le sujet de toutes les conversations des pongistes dans les compétitions. Si les contrôles ont pu être effectués dans les différentes compétitions internationales ce n’a pas été le cas en France et surtout dans les compétitions par équipes Dep/Rég voire Nationales ainsi que dans les différents tournois à tous les échelons. Certains ont continué comme si de rien n’était avec ce son inimitable de la balle sur le revêtement. Cette fameuse machine appelée « Enez » dont le coût (200 euros environ) aux frais des 3800 clubs en France est non obligatoire par conséquent les contrôles seront donc impossibles faisant simplement appel à la morale du pongiste et au seul jugement de l’arbitre l’épaisseur des revêtements ne devant pas dépasser 4 mm au maximum. Quant aux meilleurs joueurs bien souvent sponsorisés par les différentes marques de tennis de table, rien n’a vraiment changé, leurs revêtements numérotés et pré boostés en usine sont toujours indétectables.
Afin de palier à la colle rapide devenue interdite, certains joueurs estimant que la colle dite propre n’a pas les mêmes effets et sensations sur le revêtement, les grandes marques de tennis de table ont cherché à fabriquer des mousses nouvelles appelées tensor à « stockage d’énergie » (avec l’avantage de catapulter la balle) sans les effets de la colle avec VOC mais répondant et se rapprochant de ses propriétés, s’engouffrant ainsi dans un business florissant et plein d’avenir. L’historique et célèbre marque japonaise Buterffly a lancé sur le marché sa toute nouvelle plaque appelée « Tenergy » à la fois rapide, et très adhérente et surtout très prisée par l’élite mondiale en passe peut être de devenir aussi célèbre que la vedette « la Sriver ». Possédant ainsi un coup d’avance sur ses concurrents, Buterffly s’est permis le luxe d’augmenter son prix passant ainsi de 45 euros à 57 euros soit une augmentation de 12 euros en l’espace d’un an !
Sachant que ce genre de revêtements s’use plus rapidement du fait de son élasticité par rapport à un revêtement classique, pour le pongiste lambda le prix d’une raquette devient prohibitif. Le tennis de table roule à deux vitesses, mais cette fois ce n’est ni une affaire technique et stratégique mais une affaire de moyens financiers. Voila pourquoi depuis 50 ans cet outil que l’on aime quand on gagne que l’on déteste quand on perd mais ô combien indispensable, à la fois complexe et égocentrique fut le sujet de nombreux débats et de changements, il suffit d’aller surfer sur le web et observer les différents sites sur ce sport pour constater que la plupart des questions et des réponses tournent autour de cet outil insolite afin de rechercher et de trouver le bois ou le revêtement, cette perle rare qui permettra peut être de devenir un champion. Sur le joli catalogue Wack sport que l’on reçoit chaque année, on recense environ 230 revêtements de deux épaisseurs différentes et 200 bois. Je vous laisse le calcul pour imaginer le nombre de combinaisons possibles. Pour le novice ou le débutant les explications sur le matériel sont du charabia. Quant à choisir sa raquette c’est un vrai « casse tête chinois ».
Conclusion
De tous les sports de raquette, le tennis de table est celui qui a subi le plus grand nombre de transformations depuis sa naissance passant de la lenteur, à la vitesse. Rien n’aurait pu être possible sans l’évolution de la raquette débouchant ainsi sur des changements techniques, tactiques et physiques, l’aspect psychologique restant toujours une approche personnelle et familiale. En parallèle le changement des règles de jeu a modifié le comportement du compétiteur devenant plus agressif et nerveux. La construction a laissé place à l’explosivité .
Quel sera l’avenir du tennis de table ? Le jeu peut-il encore évoluer ? Ou au contraire atténuer l’épaisseur des mousses afin de ralentir le jeu et augmenter la durée des échanges ? Faudra t’il relever la hauteur du filet pour relancer le jeu de défense si spectaculaire en compétition ? Autant de questions et de réponses qui restent en suspend.
Depuis quelques années, le tennis de table à l’ancienne refait parler de lui, serais ce un retour à la nostalgie et la genèse du picot court ? Ou un aspect du comportement réactionnaire et épidermique de la mousse ? Appelé communément Hardbat, Jean –Michel Carquin n°1 Français m’expliqua ne plus éprouver de plaisir avec la mousse mais au contraire le contact pur entre la balle et la raquette et ce son onomatopée lui procurait des sensations si particulières. Alors, à quand un championnat du monde de tennis de table où tous les participants lors de leur inscription recevront la même raquette ? Cette fois, on ne pourra plus dire il a gagné grâce à sa raquette mais avec son unique talent